Un parcours contrarié pour les adolescents… et pour leurs parents. Vraies et fausses inquiétudes.
Dans cette période tourmentée il importe de faire un point sur ce que nous donne à voir et à penser cette pandémie sur nos adolescents, mais aussi sur notre vécu de parents : que se passe-t-il dans cet espace restreint qu’il faut bien partager au-delà des masques et des écrans ? Que nous révèlent nos réactions, moments de désarroi, mouvements d’humeur face à nos adolescents ?
Le confinement, c’est tout à l’envers de l’adolescence
A vrai dire, le confinement vient contrarier le « processus » adolescent : l’adolescence, c’est le temps d’une prise de distance, pour prendre le large, se « déplier » ailleurs et autrement, se dégager du regard des parents, s’ouvrir au monde… parfois intensément manifesté sous forme de conduites d’essai, conduites à risque. C’est le temps d’ajuster la distance relationnelle avec ses proches, de nouer de nouveaux liens amicaux ou amoureux.
Patatras, le confinement vient gêner le mouvement de séparation/individuation, en un coup d’arrêt brutal et « replier » tous ces mouvements tellement nécessaires à l’épanouissement en route vers l’autonomie… Les adolescents sont ainsi supposés renouer avec la période calme et docile dite « de latence » pré pubertaire et de reprendre leur place d’enfant dans le cocon familial.
En effet, le confinement, c’est une régression imposée vers le monde de l’enfance, une confrontation à une promiscuité gênante, une soumission obligée aux règles édictées par les pouvoirs publics et relayées par les parents : les adolescents sont à nouveau plongés dans un univers de recommandations et d’interdits qui les amènent à se sentir victimes de décisions arbitraires ou injustes venant limiter leur liberté, brider leur vie au quotidien et frustrer leur besoin d’indépendance.
Le confinement, c’est aussi la coupure physique d’avec les pairs, ces indispensables relais et modèles d’individuation. La fermeture des espaces de sport, des skateparks et de tous ces lieux où les adolescents saisissent l’occasion de prendre la mesure des nouvelles potentialités de leur corps et de se mesurer aux autres, est nécessairement mal vécue.
Derrière ce confinement, c’est la question des représentations du virus SARS – responsable d’une pandémie mondiale et de toutes les peurs qu’elle suscite en permanence réactivées et amplifiées par une hypermédiatisation… Comment lutter contre cet ennemi invisible qui peut s’introduire dans l’organisme, rester tapi dans l’ombre ou déclencher une maladie potentiellement mortelle pour les plus fragiles ? Faute de précaution, les adolescents sont avertis qu’ils risquent de transmettre l’infection à leurs proches, de les exposer à l’éclosion de formes graves, de mettre en jeu le pronostic vital des plus âgés dont leurs aïeux.
Dans un tel contexte hautement stressant, trouver les mots justes pour parler de cet agent infectieux mystérieux, doté d’un tel pouvoir de nuisance est essentiel.
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